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Dossier: Prisonnier

avril 2007
Situation des prisonniers politiques Mapuche.

source: Association Terre et liberté pour Arauco.


José Huenchunao Mariñan a été arrêté mardi 20 mars alors qu’il vivait dans la clandestinité depuis sa condamnation par contumace, en août 2004, pour sa participation supposée dans un incendie « terroriste » de la propriété Poluco Pidenco appartenant à l’entreprise forestière MININCO S.A. Considéré comme l’un des chefs principaux de la CAM (Coordinadora Arauco Malleco) sa capture était un objectif prioritaire pour le ministère de l’Intérieur chilien.

L’application de la loi antiterroriste (nº 18.314), instaurée en 1984 sous la dictature, et modifiée à deux reprises (1991 et 2002) durant la période encore inachevée de "retour à la démocratie", a constitué jusqu’à maintenant l’un des principaux mécanismes pour accuser et condamner les dirigeants, autorités traditionnelles, membres et sympathisants des communautés Mapuche en conflit. D’autre part, le recours à la justice militaire pour juger les membres de communautés Mapuche s’opposant à l’intervention policière, lors de récupération de terres ou de manifestations pacifiques, a été un autre instrument important de répression envers les membres des communautés Mapuche. Enfin, le recours à la justice de droit commun est à présent de plus en plus fréquent.


PRISON D’ANGOL.

Patricia Troncoso Robles (37 ans), militante de la cause mapuche, a été condamnée à dix ans et un jour pour incendie « terroriste » de la propriété Poluco Pidenco et à une amende de 400.000.000 pesos chiliens en faveur de l’entreprise forestière MININCO S.A. Acquittée pour l’accusation d’incendie et de menace « terroristes » et pour l’accusation « d’association illicite terroriste », Patricia Troncoso purge depuis août 2004 une condamnation dans la prison d’Angol où elle a mené avec trois autres détenus une grève de la faim de 65 jours, durant les mois de mars et d’avril 2006, afin de réclamer la libération de tous les prisonniers politiques Mapuche. Une demande auprès de la CIDH (CAUSE 429-2005-Chile) a été présentée en son nom et aux noms de Jaime Marileo, Patricio Marileo, José Huenchunao et Ciriaco Millacheo en raison de nombreuses irrégularités observées durant le procès Poluco Pidenco.

Jaime Marileo Saravia (28 ans) appartient à la communauté mapuche de San Ramón (Ercilla). Il a été condamné à dix ans et un jour de prison pour délit d’incendie terroriste et à une amende de 400.000.000 pesos chiliens en faveur de l’entreprise forestière MININCO S.A. Il purge depuis août 2004 sa condamnation à la prison d’Angol (IXe région) où il a mené avec trois autres détenus une grève de la faim de 65 jours durant les mois de mars et d’avril 2006, afin de réclamer la libération de tous les prisonniers politiques Mapuche. Une demande au niveau de la CIDH (CAUSE 429-2005-Chile) a été présentée en son nom et aux noms de Patricia Troncoso, Patricio Marileo, José Huenchunao et Ciriaco Millacheo pour les nombreuses irrégularités observées durant le procès Poluco Pidenco.

José Belisario Llanquileo Antileo (27 ans), membre de la communauté Juana Millahual (Lago Lleu Lleu – Contulmo), est considéré comme le porte-parole de l’organisation Coordinadora Arauco Malleco et a été accusé d’avoir participé à l’incendie “terroriste” Poluco Pidenco, procès qui a déjà abouti à 4 condamnations à dix ans et un jour, et deux acquittements. José Llanquileo qui a été arrêté le 17 novembre sera jugé au tribunal d’Angol en janvier 2007 où il risque une peine minimum de dix ans pour « incendie terroriste », alors que Mme Bachelet avait elle-même promis de ne plus appliquer la loi anti-terroriste contre des dirigeants mapuche. Il a été condamné à cinq ans et un jour de prison, le 14 février 2007.

Jorge Huenchullan est en prison préventive depuis le 6 février 2007. Il est accusé d’avoir commis le 12 octobre 2003 l’incendie présumé de trois hangars de l’entrepreneur agricole René Urban, lequel a mis en cause à plusieurs reprises les membres de la communauté de Temucuicui pour des attentats contre sa propriété.

Carvone Queipul: attente détails de sa situation judiciaire.


PRISON DE VICTORIA

Juan Carlos Huenulao Lienmil (39 ans) appartient à la communauté de Tricauco (Ercilla). Il a été condamné, en avril 2005, à dix ans et un jour pour « incendie terroriste » et à une amende de 400.000.000 pesos chiliens en faveur de l’entreprise forestière MININCO S.A. Il purge, depuis le 19 février 2005, sa condamnation à la prison d’Angol (IXe région) où il a mené avec trois autres détenus une grève de la faim de 65 jours durant les mois de mars et d’avril 2006, afin de réclamer la libération de tous les prisonniers politiques Mapuche. Il faut préciser que Juan Carlos Huenulao a vécu clandestinement à peu près un an avant d’être arrêté. Il doit présenter prochainement une demande auprès de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) pour les mêmes raisons que Patricia Troncoso, Jaime Marileo, Patricio Marileo, Ciriaco Millacheo et José Huenchunao (CAUSE 429-2005-Chile) pour les nombreuses irrégularités observées durant le procès Poluco Pidenco.

Patricio Marileo Saravia (32 ans), frère de Jaime Marileo Saravia, appartient à la communauté mapuche de San Ramón (Ercilla). Il a été condamné à dix ans et un jour pour délit d’incendie terroriste et à une amende de 400.000.000 pesos chiliens en faveur de l’entreprise forestière MININCO S.A. Il purgeait depuis août 2004 sa condamnation dans la prison d’Angol (IXe région) où il a mené avec trois autres détenus une grève de la faim de 65 jours durant les mois de mars et d’avril 2006, afin de réclamer la libération de tous les prisonniers politiques Mapuche. Au mois d’octobre 2006, après avoir séjourné plusieurs mois à l’hôpital de Temuco en raison de son état de santé délicat résultant de la grève de la faim qu’il avait menée, il a été transféré à la prison de Victoria (IX° région). Une demande a été déposée auprès de la CIDH (CAUSE 429-2005-Chile) en son nom et aux noms de Patricia Troncoso, Jaime Marileo, José Huenchunao et Ciriaco Millacheo pour les nombreuses irrégularités observées durant le procès Poluco Pidenco.


PRISON DE SANTIAGO

Waikilaf Cadin, Calfunao, le fils de Juana Calfunao, a mené une grève de la faim durant 70 jours, jusqu’au 16 décembre 2006, à la prison de Haute Sécurité de Santiago.


PRISON DE TRAIGUEN

Rafael Pichún Collonao (21 ans), membre de la communauté de Temulemu et fils du lonko Pascual Pichún, condamné à cinq ans de prison et au paiement d’une amende de 6 millions de pesos chiliens pour l’incendie présumé d’un camion de transport forestier. Il est emprisonné depuis le 20 juillet 2005. En août 2003, une requête concernant sa situation et celle de son frère (aujourd’hui en fuite et demandeur d’asile politique en Argentine) a été déposée auprès de la CIDH contre l’Etat Chilien pour violation d’accords internationaux (notamment celui de San José de Costa Rica) interdisant l’emprisonnement pour dette.


PRISON DE LAUTARO.

Roberto Carlos Painemil Parra (35 ans) accusé d’avoir participé dans un incendie présumé de matériel appartenant à l’entreprise forestière Mininco en décembre 2006 et condamné depuis 10 mois à la prison préventive.


PRISON DE TEMUCO

Hector Llaitul Carillanca est détenu en prison préventive. Il a été accusé d’une dizaine de présumés délits : incendie, port illégal d’armes, infraction à la loi de Sécurité intérieure de l’Etat. Il a été arrêté le 22 février dernier à Concepcion après avoir passé quatre ans en clandestinité. Les enquêteurs estiment qu’il serait le chef opérationnel de la Coordinadora Arauco Malleco.

Ernesto Lincopan: aucune information sur sa situation judiciaire.

Juana Rosa Calfunao Paillalef, dirigeante de la communauté Juan Paillalef à Cunco, IX° Région), condamnée à 150 jours de prison pour désordre sur la voie publique. Elle se trouve actuellement dans un état de santé grave.

Luisa Calfunao Paillalef, emprisonnée également dans la prison pour femmes de Temuco.

Antonio Cadin Huentelao, époux de Juana Calfunao Paillalef, est en prison préventive, accusé d’agression de deux procureurs du Ministère Public en novembre dernier.

Jorge Landero Calfunao, fils de Juana Calfunao Paillalef, est également en prison préventive, pour la même accusation d’agression.

Carolina Landeros Calfunao est l’unique membre de la famille qui soit en liberté provisoire.


EN PRISON PRÉVENTIVE.

Jorge Huenchullan et Victor Queipul arrêtés depuis le 22 novembre 2006. 


EN LIBERTÉ CONDITIONNELLE.

Enzo Lincopan, détenu à la prison de Lebu (VIIIe région). Il a été arrêté le 21 octobre 2005 pour l’accusation d’un présumé vol d’animal dans la zone de Lleu Lleu où il vit. Le procureur chargé de l’affaire, Mario Elgueta, a déclaré ce dossier confidentiel. Il essaie d’associer l’accusation de vol au conflit territorial existant dans la zone, tandis qu’Enzo et sa famille ne reconnaissent aucune de ces accusations. Enzo Lincopan est en liberté conditionnelle actuellement.


MEMBRES DE COMMUNAUTÉS MAPUCHE VIVANT EN CLANDESTINITÉ

Pascual Alejandro Pichun Collonao, s’est réfugié en Argentine depuis décembre 2005. Membre de la communauté de Temulemu et fils du lonko Pascual Pichún, il a été condamné comme son frère Rafaël à cinq ans de prison et au paiement d’une amende de 6 millions de pesos chiliens pour l’incendie présumé d’un camion de transport forestier.

Juan Ciriaco Millacheo: vit en clandestinité, condamné dans la même affaire.
Mireya Figueroa: vit en clandestinité, condamné dans la même affaire.
Luis Catrimil: vit en clandestinité, condamné dans la même affaire.

Luis Tralcal: accusé d’avoir participé dans un incendie présumé de matériel appartenant à l’entreprise forestière Mininco en décembre 2006, dans la commune de Chol Chol, où il aurait été identifié avec Hector Llaitul. Il a échappé à un guet-apens de la police le 28 décembre dernier. Il vit clandestinement depuis cette date. Roberto Carlos Painemil Parra, premier détenu dans cette affaire et condamné depuis 10 mois à la prison préventive aurait reconnu lors de l’interrogatoire la présence de Luis Tralcal lors de l’incendie.

Ernesto Chachallao Painemil accusé des mêmes faits dans les mêmes circonstances que Luis Tralcal vit en clandestinité.

Ociel Santi Paine (26 ans) appartient à la communauté Nicolás Calbullanca (Lac Lleu Lleu – VIII° Région) et était en prison préventive depuis le 11 octobre 2006 à la prison de Lebu. Les accusations (menaces, vols avec violence) dont il a fait objet se fondent sur de maigres preuves, la stratégie du magistrat du Ministère Public (fiscal), Mario Elgueta, étant de le retenir le plus longtemps possible en prison préventive pour de présumées lourdes charges qui ont dû ensuite être abandonnées, lors du procès, et se réduire à de petits délits. Il s’agit d’une politique de plus en plus commune consistant à faire passer pour des délinquants, et non plus pour des terroristes, les membres des communautés revendiquant leurs terres, afin qu’ils ne soient plus considérés comme des prisonniers politiques.


Prisonniers libérés cette année (2007).

Marcelino Namoncura, membre de la communauté de Temucuicui (Ercilla), a été arrêté le jeudi 7 décembre 2006 lors d’une violente intervention policière à Ercilla où plusieurs personnes ont été blessées par balles « anti-émeutes » et une dizaine de personnes arrêtées. Placé en détention préventive à la prison d’Angol, Marcelino Namoncura a été accusé « d’attentat contre une autorité ».

Miguel Queipul, membre de la communauté de Temucuicui (Ercilla), a également été arrêté à la même date, lors des mêmes circonstances. Il a été également placé en détention préventive à la prison d’Angol où il a été accusé de « désordre public grave ».

Aniceto Norin Catriman (43 ans), Lonko (chef traditionnel) de la communauté de Didaico (Traiguen), condamné à cinq ans et un jour pour menace terroriste. Il a été acquitté des accusations d’incendie terroriste et, a été acquitté (à deux reprises) du délit d’ « association illicite terroriste ». Il purgeait sa condamnation depuis le mois de janvier 2004 dans la prison de Traiguen. Aniceto Norin Catriman a été libéré le 13 janvier 2007 après 3 ans de prison.

Pascual Pichún Paillalao (53 ans), Lonko (chef traditionnel) de la communauté de Temulemu (Traiguen), condamné dans la même affaire, à cinq ans et un jour pour « menace terroriste », il a purgé sa condamnation depuis le mois de janvier 2004 dans la prison de Traiguen. La présence de vices de forme et l’application de la loi antiterroriste lors de son procès et de celui d’Aniceto Norin Catriman, coaccusés de « menace terroriste », ont fait l’objet d’une requête (CAUSE 619-03-Chile) déposée auprès de la CIDH, en août 2003, contre l’Etat chilien. Cette requête a été reconnue admissible par la CIDH ouvrant ainsi une phase d’étude plus approfondie du dossier de la part de cette instance. Pascual Pichun Paillalao a été libéré le 5 mars 2007.

Pascual Pichun et Aniceto Norin Catriman avaient déjà purgé pas mal de prison préventive avant leur condamnation, c’est pourquoi ils n’ont été détenus que trois ans depuis leur dernière arrestation. Mais au total ils ont cumulé presque cinq années de détention.

José Segundo Nain Curamil (32 ans), dirigeant de la communauté de Temucuicui (Ercilla), a été condamné en 2003 à cinq années pour incendie d’une propriété forestière de l’entreprise MININCO. Il a purgé sa peine depuis le mois de septembre 2003 dans un centre pénitentiaire d’Education et de Travail (CET) de la ville d’Angol (IXe région) où sont entrepris différents travaux d’agriculture, de production fruitière, d’horticulture, etc.

Victor Ancalaf Llaupe (38 ans), dirigeant de la communauté Choiñlafkenche (Collipulli), condamné en 2004 à cinq années de prison pour un présumé incendie « terroriste » d’un camion de l’entreprise ENDESA en mars 2002 dans le contexte du conflit entre communautés Pehuenches et la construction d’un barrage hydro-électrique sur leur territoire traditionnel. Il a purgé sa peine depuis novembre 2002 à la prison El Manzano de Concepción, dans la section réservée aux petits délits et aux prisonniers politiques.

En 2005, une requête (CAUSE 581-05-Chile) concernant des vices de forme et l’application inappropriée de la loi antiterroriste durant son procès a été déposée, contre l’Etat chilien et auprès de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) dépendant de l’Organisation des Etats d’Amérique. Victor Ancalaf Llaupe a été libéré le 13 mars 2007.

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