24 mai 2003
LES FRERES PICHUN DE NOUVEAU EN PRISON.
Traduction La Licorne.
L’avocat en chef de la défense pénale publique
mapuche, Sandra Jelves, a déclaré à Radio Bio Bio
de Temuco, qu’a été déposé à
la cours d’appellation de Temuco un recours de protection en
faveur des frères Pascual et Rafael PICHUN COLLONAO,
condamnés en janvier dernier pour l’incendie d’un
camion forestier et assujettis à une assignation à
résidence, sollicitant ainsi leur libération
immédiate et dénonçant une série
d’irrégularités qui ont entouré la
procédure pénale et policière qui débouche
aujourd’hui 22 mai sur une REINCARCERATION des frères Pichun.
Dans le recours de protection il est indiqué, comme l’a
expliqué l’avocate de la défense, que les jeunes
Mapuches ont été détenus et accompagnés
à la prison sans que soient réalisées les
différentes audiences de contrôle de détention
comme le spécifie la Réforme Juridique Pénale,
précisant de plus, que jusqu’à aujourd’hui
les plaignants n’ont pas sollicité le paiement de
l’indemnisation qu’a déterminé le tribunal
d’Angol durant le jugement oral. Ce qui vient de se passer est
arbitraire a expliqué l’avocate, c’est arbitraire et
en dehors des principes de la réforme juridique pénale,
puisque toute personne détenue et incarcérée sous
le nouveau système pénal appliqué à la
neuvième région (réforme judiciaire d’exception
mise en place pour les “actes supposés terroristes” des Mapuches
N.D.T.) doit être préventivement présentée
à une audience de contrôle réglementaire de
détention. La professionnelle a précisé que
l’opération policière qui s’est soldée
par la détention de Rafael et Pascual PICHUN – appartenants
à la communauté Temulemu -, répond à un
ordre de détention émanant du juge de garantie de
Traiguen, pour le non paiement d’une indemnisation de six
millions de pesos (environ 60 000 FR. ) que le tribunal d’Angol a
déterminé durant une sentence dictée pour le
délit d’incendie contre un camion forestier sur le fundo
Nancahue en 2002 et pour lequel les frères PICHUN ont
été reconnus coupables. Pourtant selon
l’explication de Sandra Jelves, la demande de cette indemnisation
n’aurait pas été notifiée par le tribunal,
et les plaignants n’auraient pas sollicité une telle
somme.
Il faut rappeler que les frères PICHUN, membres du groupe musical Kimkache,
ont été condamnés durant un jugement marathonien qui a commencé le jeudi
23 janvier et qui s’est terminé le dimanche 26 à 14 heures, par la condamnation
à l’unanimité des membres du tribunal. C’est à dire par les juges Waldemar
Koch, Luis Sarmiento y Georgina Solís les mêmes qui paradoxalement ont laissé
– quelques mois plus tard – en liberté et avec un non lieu les Lonkos de
Traiguen Aniceto Norin et Pascual PICHUN alors, accusés par le ministère
public d’Araucanie de graves charges de terrorisme et qui ont été maintenus
en prison durant un an.
De source Mapuche, les raisons d’une attitude aussi inégale des magistrats
dans différents procès ne seraient pas l’effet du hasard. Au contraire on
estime que seule l’importante pression exercée par les opinions publiques
nationales et internationales sur le jugement des Lonkos Pichun et Norin,
a empêché que ce dernier cas ne soit sanctionné par 15 ans de prison comme
l’avait demandé le ministère public. La faible couverture médiatique et
le peu de pression sociale générées dans le cas des deux frères, expliqueraient
leur condamnation dans un cas juridique entaché de nombreuses irrégularités
tant sur le fond que sur la forme.
La version du ministère public.
Pour sa part, dans un communiqué émis ces dernières heures, le ministère
public de la IX région explique les raisons qui ont poussé le tribunal de
justice à décréter de nouveau l’incarcération des frères Rafael et Pascual
Pichun Collonao, membres de la communauté Temulemu de Traiguen et fils du
trés connu Lonko Pascual Pichun. Ces jeunes après un jugement marqués par
des irrégularités et qui s’est étendu sur quatre jours, ont été condamnés
le 31 janvier de cette année, par le tribunal pénal d’Angol à une peine
de 5 ans d’assignation, une amende de 11 UTM (environ 20 000 FR ) envers
la justice et une indemnisation de 6 millions de pesos pour dommages “moraux”
et incendie d’un camion forestier à proximité du fundo Nancahue.
“C’est la raison pour laquelle le tribunal d’Angol a concédé aux frères
Pichun Collonao le bénéfice de l’assignation à résidence, mais ils ne peuvent
, profiter de cette faveur s’ils ne payent pas les coûts de justice et l’indemnisation
de 6 millions de pesos à laquelle chacun d’entre eux a été condamné”, explique
le communiqué.
Il faut signaler qu’aussitôt connue la décision du jugement oral du tribunal
d’Angol, les avocats de la défense ont présenté un recours en nullité devant
la cour d’appellation de Temuco et ensuite devant la cour suprême pour faire
annuler les résultats de la sentence, ce qui a été catégoriquement rejeté
par la justice. Dans le texte produit sur les faits, les défenseurs ont
demandé que ne soit pas appliqué de paiement de l’indemnisation des victimes
en échange d’une mise en liberté surveillée, argumentant que dans le cas
contraire il s’agirait d’un emprisonnement pour dette ce qui constituerait
une partie d’un autre procès judiciaire non sanctionné par la justice durant
la sentence du 31 Janvier.
Pourtant et comme cette argumentation a été finalement
rejetée par la justice, les tribunaux ont
décrété la révocation du
bénéfice de l’assignation à résidence
qui pesait sur les frères Pichun et ordonné aux forces
spéciales leur immédiate appréhension. C’est
tout au moins ce qu’indique le communiqué émis par
le ministère public. “En vertu de la remise des
antécédents respectifs, le tribunal Oral et pénal
d’Angol ordonne l’application de la peine ferme et
exécutoire aux frères Pascual et Rafael Pichun et
émet un ordre d’appréhension correspondant”, celui-ci a
été remis ensuite aux carabiniers et la décision
appliquée par ses effectifs dans l’aprés midi du 22
mai, toujours selon le communiqué officiel. |