Genève 30 octobre 2007.
L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) manifeste sa sérieuse préoccupation
pour l’intégrité personnelle de sept membres de communautés mapuches en grève de la faim depuis le 10 octobre 2007
L’Organisation Mondiale Contre la Torture manifeste sa sérieuse préoccupation pour la sécurité et l’intégrité physique des membres de communautés mapuches Jaime Marileo Saravia, José Millalen Milla, Héctor Llaitul Carrillanca, José Huenchunao Mariñan et Patricia Roxana Troncoso Robles, qui poursuivent une grève de la faim depuis 20 jours et qui sont détenus à la prison d’Angol.
En effet, le 10 0ctobre 2007, les sus mentionnés prisonniers politiques ont commencé une grève de la faim et de la soif, laquelle est déclarée indéfinie, selon leurs propres déclarations pour obtenir la liberté de tous les prisonniers politiques mapuches, la démilitarisation des zones en conflit de la Région de l’Araucanie et d’une manière plus générale que soit mis fin à la répression contre les communautés mapuches. La dite décision a également été prise pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme des montages politico judiciaires qui ont été mis en place contre les dirigeants mapuches.
D’autre part, à partir du 15 octobre 2007, ont rejoint la grève de la faim en solidarité avec les mêmes demandes le lonko Iván Llanquileo de la communauté “Juana Millahual” de Rukañanco, emprisonné dans la prison El Manzano à Traigen, et Waikilaf Cadin Calfunao de la communauté “Juan Paillalef”, emprisonné à la prison de haute sécurité de Santiago CAS.
La OMCT est particulièrement préoccupée parce que deux des sept prisonniers mapuches actuellement en grève de la faim, Patricia Roxana Troncoso Robles et
Florencio Jaime Marileo Saravia, qui ont été condamnés le 21 août 2004 à des peines de prison de dix ans pour incendies terroristes, ont déjà réalisé une grève de la faim alors qu’ils étaient en détention, à partir du 13 mars 2006, pour exiger la libération immédiate de tous les prisonniers politiques mapuches et la révision de leurs procès par un tribunal indépendant et impartial.
En conséquence, le 13 mai 2006, les dirigeants mapuches ont signé un accord avec les autorités pénitentiaires, dans lequel ils s’engageaient à mettre un terme à la grève de la faim jusqu’à ce que soit discuté le projet de loi qui modifie le décret de loi numéro 321 de 19254, enfin le 17 mai 2006 ce projet a été approuvé par la Commission des droits de l’homme du sénat. Cependant à la fin de 2006 il n´était toujours pas adopté.
Pour leur part messieurs Héctor Llaitul Carrillanca y José Huenchunao Mariñan, tous deux aujourd’hui en grève de la faim, sont dirigeants de la Coordinadora Arauco-Malleco, ils ont été détenus le 21 février et le 20 mars 2007 et sont emprisonnés pour purger les peines déjà prononcées en leur absence, utilisant pour ce faire la loi antiterroriste. Hector Llaitul Carrillanca a été condamné par la Cour d’appellation de Conception à 541 jours de prison et José Huenchunao Mariñan, pour sa part, doit purger une peine de dix ans et un jour de prison.
L’OMCT manifeste de nouveau sa préoccupation pour la sécurité et pour les conditions de santé, et en particulier pour les conséquences inhérentes à cette grève de la faim concernant l’intégrité physique et psychologique de Jaime Marileo Saravia, José Millalén Milla, Héctor Llaitul Carrillanca, José Huenchunao Mariñan, et de Patricia Roxana Troncoso Robles, Ivan Llanquileo et Waikilaf Cadin Calfunao, tout comme pour les membres de leurs respectives familles, et observe avec inquiétude que les demandes présentées tant par les mapuches en grève de la faim que par leurs communautés continuent de rester sans réponse:
L’OMCT manifeste aussi son inquiétude pour la situation et l’intégrité des défenseurs des droits des communautés mapuches du chili et rappelle, que ceux-ci en plus d’avoir subit des menaces de mort, des actes de persécution et d’intimidation dans la perspective de les mettre sous pression pour qu’ils abandonnent la lutte pour les communautés, sont eux aussi criminalisés au travers de procès judiciaires dans l’objectif est de sanctionner leur activité et de discréditer leur action aux yeux de la population. Le secrétariat international de l’OMCT presse la commission de constitution du sénat et la chambre des représentants pour qu’ils mettent en place le dit projet de loi qui modifie le décret numéro 321 de 1925, sur la liberté conditionnelle, pour de cette manière ne pas retarder plus encore le procès judiciaire contre les mapuches et leur octroyer la liberté. Pour plus d’informations merci de vous mettre en contact avec:
OMCT: Clemencia Devia Suarez:
+41.22.809.49.39
1 Voir informations annuelles 2005 et 2006 de l’observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l´homme, un programme conjoint OMCT-FIDH.
2 Trois des sept prisonniers mapuches actuellement en grève de la faim Patricia Roxana Troncoso Robles, Florencio Jaime Marileo Saravia et José Huenchunao Mariñan ont été condamnés en première instance pour un incendie forestier qui s’est produit le 19 décembre 2001 sur les terres du lieu dit “Poluco Podenco”, propriété de l’entreprise forestière « Mininco” et jugés en deuxième instance pour incendie terroriste, délit pour lequel ils ont nié leur participation.
A cette occasion ont aussi été condamnés les leaders mapuches: José Huenchunao Mariñan, porte parole de la Coordinadora Arauco Malleco, et Juan Millacheo Licán chef de la communauté de Chekenko ainsi que le membre de communauté José Patricio Marileo Saravia
Plusieurs inculpés entre autres José Osvaldo Carique Saravia, lonko de San Ramón, Luis Catrimil, lonko de Tricauko, Myreya Figueroa dirigeante de Tricauko et José Llanquileo, dirigeant de la Coordinadora Arauco Malleco ont été déclarés en rébellion pour ne s’être pas présentés devant les tribunaux, un ordre de détention permanent a été édicté contre eux. Plus tard le 7 avril 2006 le tribunal d’Angol a relaxé pour absence de preuve Osvaldo Cariqueo Saravia et Juan Antonio Colihuinca Ancaluán
3 Le 6 mai 2006, deux mois après le début de la grève de la faim, les grévistes ont été menottés et conduits de force vers un centre d’assistance où ils ont été obligés de se soumettre à un examen médical qui a été qualifié par les familles des prisonniers comme « une excuse médiatique » puisqu’ils n’ont pas été auscultés sérieusement.
4 Ce projet présenté par le sénateur Navarro, prévoit que les personnes condamnées pour des délits figurant dans la loi antiterroriste qui n’impliquent pas des actes contre des personnes, peuvent bénéficier de la liberté conditionnelle, dans le contexte spécifique de la revendication de terres indigènes. |