5 janvier 2008
La répression s’intensifie, la résistance aussi, et le gouvernement garde le silence.
Sources chilevision, canal 13, observatoire international des droits des peuples originaires
Alors que la communauté internationale condamne la répression contre le peuple mapuche, la réponse du gouvernement de Bachelet continue d’être la même, plus et encore plus de répression.
Dans un article antérieur nous avons décrit la forte répression qui a frappé la manifestation organisée hier soir à Santiago pour condamner l’assassinat de Mathias Catrileo, cette manifestation a transformé la principale avenue de Santiago en un véritable champ de bataille et selon diverses sources les détenus s’élevaient hier à une trentaine de personnes. Pour sa part, le gouvernement maintient un silence total sur ces événements d’une extrême gravité, alors que de nombreuses organisations mapuches exigent la démission de Felipe Harboe, ministre de l’intérieur par intérim.
Attentats et routes coupées aux alentours de Temuco
Ce matin aux premières heures du jour, et sous haute surveillance, a eu lieu la reconstitution de l’assassinat du jeune étudiant mapuche, les personnes présentes sur les lieux se sont refusées à tout commentaire et la reconstitution a duré quatre heures.
Dans la nuit deux camions ont été incendiés dans la zone de Ercilla, un camion frigorifique et un camion citerne contenant 20 000 litres d’essence, qui n’a pas explosé. Selon chilevision, un groupe de personnes cagoulées et non cagoulées a intercepté les deux camions, a fait descendre les chauffeurs et a incendié les véhicules. Selon les déclarations des chauffeurs, les groupes constitués de 25 personnes, environ, étaient fortement armés, mais n’ont exercé aucune violence, contre les travailleurs. Un des chauffeurs a déclaré « cela se passe pour tuer les mapuches ». A Santiago, et sur la commune de Nuñoa, une voiture particulière a été incendiée et sur les lieux la police a retrouvé un pamphlet faisant allusion a la vengeance et rechassant l’impunité, en bas de la page un kultrun (instrument traditionnel et religieux mapuche ndt) était dessiné en rouge. Enfin, l’autoroute qui mène à Temuco a été coupée durant de longues heures provocant un important bouchon de bus de touristes en vacances au chili.
Réactions internationales
La communauté internationale condamne les faits de violence qui secouent le chili, anmystie internationale a fait part de sa préoccupation, des manifestation, tout comme en Argentine, se sont déroulées à Barcelone et Berlin, entre autres, en soutien aux prisonniers politiques mapuches et condamnant la mort de Mathias Catrileo.
Contrairement à ce qu’a annoncé le journal « la tercera » les funérailles de Mathias se dérouleront à 15 heures, aujourd´hui samedi, à Temuco, dans le cimetière qui est situé à un kilomètre du foyer d’étudiants de l’université de Temuco, où est veillé le corps du jeune mapuche. Les mapuches surveillent étroitement le périmètre où repose le corps de Mathias, empêchant toutes manœuvres qui pourraient provoquer de nouveaux incidents.
Un rapport alarmant de l’observatoire des peuples originaires.
Pour sa part, l’observatoire des droits des peuples originaires a publié un rapport alarmant sur la répression qui frappe actuellement les communautés mapuches. L’institution s’est rendue hier, en compagnie du responsable de la paroisse de Quepe sur le secteur de Yeupeko, proche du terrain où a été abattu le jeune mapuche. Lors de réunions avec les familles des communautés de la zone, celles-ci ont témoigné de nombreuses perquisitions sans aucun ordre judiciaire, dans leurs domiciles et sur leurs terres, de traitements abusifs et dégradants dont les mapuches ont été l’objet et des dégâts occasionnés aux cultures ainsi que du vol de nombreux objets appartenant aux communautés. Selon les témoignages les forces de police se déplaçaient en bus, tanks et hélicoptères, faisant usage d’une violence absolument disproportionnée et proférant des commentaires racistes comme « livrez les indiens délinquants » (le mot indien est considéré comme une insulte au chili ndt).
Parmi les exactions les plus graves réalisées par les carabiniers, le rapport signale, coups de crosse et claques sur des personnes malades d’un cancer ou très âgées, l’obligation faite à des enfants de décliner leur identité sous la menace des armes, meubles retournés et détruits, un lit projeté contre un mur avec un enfant de un an à l’intérieur, la destruction de nombreuses cultures, destruction des vitres et portes des domiciles, et des perquisitions que se reproduites jusqu’à cinq fois dans la même journée. L’observatoire exige le respect de la loi et la fin de ce type de pratique, exige que les medias informent de ces excès « pour que le peuple chilien puisse prendre conscience vraiment de ce qui se passe en Araucanie ». |