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2 juin 2008
Début du jugement d’Hector Llaitul et Roberto Painemil
Source: David Alcayaga AGENCIA PRENSA HUMANISTA
Red Periodistas sin fronteras ni distancias

Lleitul et Painemil

C’est sur un bon pied qu’est parti le jugement, ce 2 juin, des deux inculpés d’incendie une machine forestière sur la commune de Chol Chol en 2006. Un des inculpés a été detenu suite aux déclarations obtenues sous la torture de Roberto Painemil dans un procès chargé de vices de formes et qui est qualifié de jugement emblématique pour les droits de l’homme.

Une commission d’avocats présidé par l’ex juge Juan Guzman Tapia qui a inculpé Pinochet accompagné par le directeur de la fondation Laura Rodriguez Juan Enrique Prieto, est arrivé hier dimanche dans le sud pour diriger la défense des militants de la CAM, une défense brillante selon le vice président du parti humaniste qui les a accompagné durant leur transfert à Temuco et qui est intervenu pour obtenir l’aide des renommés avocats.

« Ceci est un autre jugement contre le peuple mapuche, où de nouveau apparaissent l’inconsistance et l’inadmissibilité de preuves obtenues durant une opération douteuse, c’est une jugement emblématique dans la lutte pour les droits de l’homme », a déclaré l’avocat Lira concernant l’inculpation des deux mapuches, et en particulier les déclarations d’un des inculpés, qui ont été obtenues sous la torture. Selon le propre récit de Painemil son interrogatoire a été si dur qu’il a, y compris, dénoncé son propre père qui n’a pas été inculpé » a ajouté le vice président de l’association d’ex prisonniers politiques chiliens.

Roberto Painemil qui est detenu dans la prison de Lautaro depuis décembre 2006 a été arrêté alors qu’il circulait dans une camionnette près de chol chol. C’est là qu’il a été abordé par un groupe de personnes cagoulées qui l’a obligé à se diriger vers un endroit où ils l’ont détenu pour ensuite disparaître. Quelques minutes plus tard, Painemil est arrêté par des gardes forestiers et livré aux carabiniers sous l’inculpation de vol. Une fois arrivé au commissariat de chol chol il est accusé de participer aux incendies forestiers qui se sont produits à quelques kilomètres de là, puis de port d’armes, lorsque, curieusement apparaissent deux pistolets.

Postérieurement et sous des pressions physiques et psychologiques et sans que soit présent son avocat défenseur, on lui présente des photos et des noms en l’obligeant à inculper plusieurs dirigeants mapuches qui seront plus tard inculpés d’être les auteurs de l’incendie d’une machine appartenant à la compagnie forestière Mininco.

En présence de deux juges et d’un grand contingent de carabiniers, Painemil est obligé de signer une déclaration dans laquelle il accuse Hector Llaitul, dirigeant emblématique de la CAM, et qui au moment des faits ne se trouvait pas dans la zone.

L’avocat humaniste Juan Enrique Prieto a déclaré que “le procès que subit Painemil est chargé de vices de formes et celui de Llaitul se fonde sur une déclaration absolument illégale et en dehors de toute procédure”, il a mis l’accent sur l’absence de preuves claires et le déficit de la présentation d’un juge d’instruction hésitant, en insistant sur « la disparition de l‘enregistrement de Roberto Painemil devant le tribunal de Nueva Impérial, où il invalide sa première déclaration et se rétracte sur les accusations formulées sous la pression. Durant l’enregistrement des meubles ont été bougés, des micros ont été débranchés pour de courts moments, et seule une partie de l’enregistrement est audible, c’est un fait absolument irrégulier ».

La complexité du cas requière toutes les collaborations possibles, en effet la déclaration de Roberto Painemil se fera en mapudugun ce qui implique la présence d’un traducteur et de possibles complications pour sa compréhension (le mapudugun, langue du peuple mapuche est une langue conceptuelle qui ne permet pas de traduction littérale NDT).

Pour le vice président du parti humaniste "au travers des déclarations de Painemil et dans le plus pur style de la dictature militaire, la justice formalise une accusation qui en définitive implique plusieurs dirigeants mapuches qui risquent des condamnations de vont de 5 à 10 ans.

En raison de cela, il n’est pas impossible de penser qu’il s’agit d’un montage politique (ce que la défense tentera de prouver durant le jugement oral) dont l’unique objectif est de priver de liberté ces mêmes dirigeants, pour désarticuler les mobilisations en faveur des récupérations de terres, de la culture et de la dignité des mapuches, au profit de l’expansion économique des grandes entreprises".

De fait, Fernando Lira donne l’exemple les deux témoins qui ont déclaré contre les accusés et qui dit il avec ironie, présentaient clairement des signes de peur à présenter leurs témoignages, c’est ainsi qu’il les a questionné sur ce qui c´était passé ce matin là dans la capitale de l’Araucanie, et où un attentat contre une succursale bancaire a été mis en relation avec les deux mapuches inculpés.

« Pour moi tout ceci n’est rien de plus qu’une partie d’un montage contre Llaitul et Painemil. Comment dire que la CAM est responsable de ce type d’actions quand le pire, pour ces dirigeants, est justement d’être impliqués dans des actes de ce genre”, il a enfin signalé « il s’agit aujourd’hui d’un jugement qui implique le peuple mapuche et dans lequel les droits de l’homme ne sont pas garantis alors que les intérêts des multinationales comptent avec tout l’appui et la crédibilité du système politique, et il est important de savoir que demain d’autres acteurs sociaux pourraient être inculpés dans ce genre d’opération et dans une escalade répressive sans limite ».

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