22 mai 2008
A l’opinion publique belge
Dénoncer l’Arrestation de la cinéaste Elena Varela.
Comite d’Appui à la lutte du Peuple Mapuche.
Email: [email protected]
02 534 37 54 34
rue du canada 1190 Bruxelles
A l’opinion publique belge
Chères Amies, Chers Amis,
« Je vous écris depuis cette horrible et froide prison, où il n’y a ni arbres, ni fleurs, ni poésie, ni musique, ni chants. Un lieu où c’est le ciment et les barbelés qui sont les vainqueurs. C’est très difficile pour moi de vous dire ce qui m’arrive. »
Ainsi commence une longue lettre envoyée le 14 mai depuis la prison de Rancagua par Elena Varela , cinéaste chilienne. Accusée d’ «association illicite, vol à main armée, détention illégale d’armes, utilisation de vêtements officiels de la police et militaire de l’Armée, elle est en détention préventive, et le juge d’instruction ayant demandé 6 mois d’enquête préliminaire. Dans sa lettre Elena réfute toutes ces accusations -car les faits incriminés sont tous justifiés par les besoins de la production cinématographique en cours- et demande à l’autorité la dévolution de son matériel artistique.
Outre Elena Varela, six personnes ont été arrêtées pour être interrogées par le juge de Rancagua, ainsi que trois autres qui étaient en contact avec le Coordination (Mapuche) Arauco-Malleco: Sergio Reyes, Jorge Pineda, Leticia Cardenas, Kenny Sanchez, Flor Dominguez, toutes accusées de un «vol, avec meurtre, d’une banque au sud du Chili, pendant l’année 2005».
Elena Varela, est cinéaste documentaliste, elle a fondé la «Ojo films production» et même «l’Orchestre Symphonique Infantile de Panguipulli», elle a été la responsable culturelle de Pucón (Lac Villarica), elle a participé activement au Conseil de la Culture et au Conseil du Fond National Audio-visuel Chilien. Il s’agit d’une personne qui a destiné presque dix ans de sa vie à la culture, à l’art et l’éducation des plus démunis et, comme ses collègues l’attestent, il est impossible qu’elle soit mêlée à des d’activités illégales comme les médias chiliens, des multinationales du bois présentes au sud du Chili et des secteurs du gouvernement veulent le faire croire.
En tant que cinéaste documentaliste, Elena et son équipe ont toujours privilégié le travail de mémoire historique des mouvements sociaux qui ont souffert des violations dans leurs droits fondamentaux. Ainsi, le film « Los sueños del Comandante» nous parle du mouvement social paysan massacré par la dictature, puis la renaissance de la «guerrilla», encore sous dictature, au même endroit, Neltume, dirigée par le MIR (le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire).
Son dernier film, Newen Mapuche, financé par des ressources d’État allouées par le FONDART (Institution d’État qui appuie la création artistique et culturelle – NDT), aborde le conflit mapuche en Araucanie. Sa production et post production ont reçu une donation de 52 millions de pesos du fond de développement audiovisuel du Conseil National de la Culture et des arts. Le travail présente la situation des Mapuches qui, bien qu’ils aient récupéré une partie de leurs terres dans les années 90, subissent aujourd’hui la rigueur de la loi de Sécurité Intérieure de l’État, la loi antiterroriste héritée de Pinochet.
Lors de la perquisition du domicile d’Elena Varela et des bureaux de la «Ojo Films», tout le matériel audio-visuel fut saisi par la police : les témoignages, les scènes filmées, les scénarios, livres, etc. On craint que le travail des années de compilation de la mémoire historique et des scènes du dernier film de Elena Varela soient perdus à jamais. En plus, il est grotesque de constater que le matériel cinématographique, tel que armes de jouet, déguisements de policiers et autres soit utilisés comme soi-disant preuve de l’action «terroriste» de Elena Varela.
L’Association de Cinéastes Documentalistes, les travailleurs d’audio-visuel, et du cinéma de l’Araucanie (sud du Chili) ont manifesté sa solidarité avec la cinéaste, «Nous sommes préoccupés par le futur d’Elena, parce que tant le gouvernement que les medias ont condamné à priori la réalisatrice. Il est important de rappeler que les charges qui lui sont imputées sont l’objet d’une enquête et doivent être jugées sérieusement et sans "a priori"… Il nous semble que ce sont des accusations superficielles et sans fondements, qui créent la confusion dans l’opinion publique… Enfin, nous voulons exprimer notre inquiétude pour le devenir du matériel qu’Elena a enregistré jusqu’à maintenant et qui correspond à une œuvre audiovisuelle en cours et doit être respectée comme telle, parce que son contenu qui consigne des opinions et croyances de représentants du peuple mapuche qui ne peuvent pas s’exprimer dans les media de communication du notre pays, fait partie du patrimoine de tout le Chili » (voir: http://grossman077.spaces.live.com/Blog/).
Le cas de Elena Varela, n’est pas un cas isolé, déjà deux cinéastes français avaient, le 17 mars,été détenus (Christopher Cyril Harrisson, Joffrey Paul Rossi), et encore le 3 mai, deux journalistes italiens, Giuseppe Gabriela et Dario Ioseffi, furent arrêtés. Tout le matériel audio-visuel filmé, les archives et documents furent réquisitionnés par la police. Ces journalistes étaient en train de filmer les manifestation des Mapuches contre les entreprises forestières et /ou leur mobilisation sur des terres revendiquées ce peuple ancestral. (Voir :http://www.observatorio.cl).
Face aux atteintes répétés des droits de l’Homme au Chili, nous dénonçons fermement cette injustice et nous demandons au gouvernement chilien le respect de la présomption d’innocence, la libération préventive d’Elena et la restitution intégrale du matériel audio-visuel réquisitionné, afin de sauver ainsi l’œuvre qui fait partie du patrimoine culturel chilien.
Pour savoir plus:
•Conférence du Comité de scénaristes et cinéastes documentalistes chiliens pour la libération d’Elena Varela
http://www.youtube.com/watch?v=prXoWJtpDN8
•Bande d’annonce du film de Elena Varela «Newen Mapuche»
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