Mapuche-hommes de la terre
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3 MAI 2007
LE SPECTRE DE LA CONSTRUCTION DE NOUVELLES CENTRALES EN TERRITOIRE MAPUCHE REVEILLE OPPOSITIONS ET ANGOISSES.

Tout le monde se souvient de l’interminable lutte menée par les mapuches contre la construction de la centrale électrique ENDESA de l’Alto Bio Bio, aujourd’hui de nouveaux projets de construction de centrales électriques en territoire mapuche font naître résistance, peurs, et questionnements.

La construction de la centrale électrique Ralko par l’entreprise Endesa sur la zone Pehuenche de l’alto bio  Bio (VIII région du chili) a signifié pour le mouvement mapuche une terrible défaite, beaucoup de drames et des conséquences, qui quelques années après, font apparaîtrent mensonges, perte de territoires sacrés, difficultés d’organisation et réponses fragiles aux pressions des multiples professionnels financés par ENDESA pour négocier l’abandon par les mapuches de leurs terres.

Domingo Puelma -un “réfugié d’ENDESA ” témoigne : “Beaucoup de ceux qui vivent ici, sont des gens qui ne savent ni lire, ni écrire, et eux (Endesa) sont arrivés avec un bataillon de psychologues, anthropologues, avocats pour nous convaincre de permuter, au nom du progrès, et c’est pour ça que nous pouvons dire que nous avons été trompés, nous les avons cru mais ils n’ont jamais concrétisé leurs promesses ».

Personne n’a oublié la lutte historique des sœurs Berta et Nicolasa Quintreman, qui par leur opposition interminable à ENDESA ont écrit des pages capitales de l’histoire récente du peuple mapuche, personne non plus n’a oublié la négociation finale qui a concrétisé la victoire d’ENDESA et l’inondation des territoires sacrés de l’Alto Bio Bio.

UNE HISTOIRE QUI POURRAIT SE REPETER ?

Coñaripe signifie en mapudugun sentier de la guerre, et c’est le nom de l’un des dix petits villages qui composent la commune de Panguipulli dont la population totale s’élève à environ 1400 personnes qui seraient directement affectées par de nouveaux projets de barrages et centrales électriques.

Aujourd’hui les multinationales chileno-norvégiennes  SN Power Statkraft SF y Norfund – qui travaillent avec le consortium australien Pacific Hydro à la construction de quatre barrages dans la région O´Higgins, annoncent, pour compléter leur projet qui s’élève à un investissement US$ 1.000 millions de dollars, pour une production d’énergie de 1.000 MW, leur intention de construire trois centrales dans la région des lacs. Les communautés mapuches ont immédiatement manifesté leur opposition au projet, et exigent le respect des sites sacrés pour le peuple mapuche, cette réaction a attiré l’attention des multinationales et leur méfiance.

Le projet pourrait concerner des rivières et collines sacrées pour les mapuches, comme le mont treng treng, situé à côté du lac Pallaifa sur la commune de Panguipulli. Selon le lonko de la communauté Reinahuel, Eleutario Cañicul « le mont treng treng est une colline sacrée où se sont produits des glissements de terrain et qui a sauvé de nombreuses personnes, c’est là qu’ils veulent construire les réservoirs, pour nous c’est une souffrance, ils viennent d’autres pays et ne comprennent pas l’importance que cela a pour nous. Il faut qu’ils respectent la colline, ma communauté exige que je m’oppose à ce que ce mont soit touché ….. Nous voulons être respectés, nous ne voulons pas qu’ils nous prennent nos terres, si ils touchent à l’eau cela affectera 40 familles qui vivent sur les berges de la rivière». Pour sa part l’entreprise certifie qu’il s’agit seulement de projets concertés et qu’ils respecteront l’environnement et que de plus les projets seraient  approuvés par les communautés. Cañicul quant à lui précise que sa communauté exige que soit défendue la rivière Quillalelfu, car elle craint que le torrent s’assèche suite à la construction des centrales.

L’entreprise précise en ce qui concerne les terres sacrées “elles ont été mentionnées durant les dernières conversations, pour nous c’est très important qu’elles soient mentionnées, parce qu’elles ne sont reconnues en tant que telles par les « winkas » (dénomination que donnent les mapuches au non mapuches NDT). « Notre intention est ne pas nous installer sur ces lieux, ni même de passer par là, nous allons le respecter au maximum, c’est pour cela que nous avons besoin d’être informés, mais on dirait qu’ils ne veulent pas» et d’ajouter « mais à plus ou moins long terme va s’établir une situation de confiance et ils vont commencer à dialoguer de façon constructive avec nous, ils ont la possibilité de participer au projet ».

Projet Trayenko

Selon la multinationale l’objectif de la compagnie est d’investir et de rendre opératives des centrales électriques commerciales sur des marchés émergeants avec un engagement social, de respect de l’environnement  et étique c’est pour cela qu’ils commencent les travaux en consultant les populations ce qui marquerait la différence avec d’autres entreprises. Hidroeléctrica Trayenko est une filiale de SN Power Chile et est chargée d’impulser trois grands projets : Pellaifa (75MW), Liquiñe (125MW) et Maqueo (300MW), qui ensemble produiront  500 MW.

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